Les Lampyridae sont de petits coléoptères capables de produire de la lumière et dont la femelle imago (= adulte) à la particularité de ressembler à une larve. Si l’ordre des coléoptères représente actuellement l’une des plus grandes diversités d’espèces parmi les insectes (sur plus de 35 000 espèces d’insectes en France, 9 600 sont des coléoptères), s’intéresser à la famille des Lampydridae s’avère beaucoup plus simple : sur 14 espèces présentes en France, seules 4 semblent visibles en Bourgogne-Franche-Comté : le ver luisant, ou lampyre (Lampyris noctiluca), la luciole à ailes courtes (Phosphaenus hemipterus), la luciole italienne (Luciola italica) et Lamprohiza mulsantii.
Ces insectes, en tant que petits prédateurs présents dans la strate herbacée et buissonnante, jouent un rôle important dans leur niche écologique en se nourrissant principalement d’escargots et de limaces, voire de vers de terre (cas particulier pour la luciole à ailes courtes).
Répartition
En BFC, une seule espèce est observée à peu près partout sur le territoire : il s’agit du ver luisant.
Les trois autres espèces, beaucoup moins communes, sont observées de façon anecdotiques sur la région :
La luciole à ailes courtes a été recensée uniquement sur quelques communes de Bourgogne-Franche-Comté. Cependant, sa difficulté d’observation (elle ne brille que très faiblement) et sa discrétion en font une espèce certainement sous-observée mais potentiellement présente sur l’ensemble du territoire. Actuellement, seul le Territoire de Belfort n’a pas pu montrer de présence avérée sur le département.
La luciole italienne est observée sur une seule commune du Doubs, dans le Pays de Montbéliard. Arrivée accidentellement dans les années 80, elle constitue la seule présence de l’espèce en France (Le Tallec & Cotte 2020).
Lamprohiza mulsantii est le dernier Lampyridae recensé en BFC. Déjà observé dans des départements limitrophes au sud (Allier) et au nord-ouest (Loiret) de la Bourgogne, sa présence dans la région était théoriquement possible... Un couple a probablement été découvert en mai 2022 à l’est de Nevers par Mathurin Carnet, entomologiste à la SHNA-OFAB. Même si les premières analyses laissent peu de doute, de nouvelles analyses sont en cours pour confirmer l’espèce. [un article est en cours de rédaction et sera à retrouver dans la revue BFC Nature]
Identification
Le tableau suivant résume les différents critères de détermination connus pour les quatres espèces de BFC :
Ver luisant Lampyris noctiluca |
Lamprohiza mulsantii |
Luciole à ailes courtes Phospharnus hemipterus |
Luciole italienne Luciola italica |
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Départements de BFC concernés |
tous |
58 (à chercher sur les secteurs thermophiles de BFC) |
21-25-39-58-71-89 (à chercher dans le 90) |
25 |
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Période d'apparition des imagos |
avri à septembre |
fin avril à début juillet |
fin mai à juillet |
fin mai à juin |
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Caractéristiques de la larve |
petit pronotum (pronotum = 1er segment dorsal du thorax situé juste derrière la tête), tête munie de crochets et antennes invisibles |
grand pronotum, tête munie de corchets et antennes invisibles corps sombre arrondi et aplati, avec des liserés clairs et le dessous jaunâtre |
semblable à la larve de ver luisant, exception faite de l'absence de taches latérales jaun-orangé, d'une couleur plus foncée et plus brillante, et de mandibules rougeâtres, courbées presque à angle droit |
partie supérieure noire (sans les points latéraux jaune-orangé caractéristiques des larves de lampyres), partie inférieure brunâtre |
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Caractéristiques de l'imago |
le plus grand des Lampyridae ; taille = 12-30 mm tâte entièrement recouverte par un pronotum semi-opaque sombre en forme de demi-disque antennes plus courtes que les pattes |
taille = 6-13 mm tête entièrement recouverte par un pronotum brun clair en forme de demi-disque et pourvu de fenêtres translucides au-dessus des yeux antennes courtes, n'atteignant pas la base du pronotum |
petit : taille = 6-10 mm couleur brun foncé avec une teinte rougeâtre antennes bien visibles, aux articles épais et soigneusement délimités |
le plus petit : taille = 5-8 mm tête découverte en avant d'un pronotum convexe et rouge-orangé avec une tache brun-noirâtre au milieu du disque (parfois tahce peu distincte ou manquante) gouttière élytrale et suture présentant une bordure rousse |
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Caractéristiques de la femelle |
ne vole pas (quasiment aptère) ressemble à la larve mais absence des corchets et des taches latérales colorées, et pourvue d'antennes bien visibles |
ne vole pas brachyptère (= élytres plus courrtes que l'abdomen) de couleur brun clair abdomen de couleur jaune clair |
ne vole pas élytres quasiment absents ressemble au ver luisant, à l'exception des antennes plus longues active au crépuscule |
Photo à venir ailée, mais ne vole pas abdomen large et trapu, se terminant en pointe élytres voûtés et élargis en arrière |
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Caractéristiques du mâle |
vole élytres longs, gris sombres ardoisés, dépassant le bout de l'abdomen yeux hypertrophiés |
vole élytres longs, bruns et dépassant le bout de l'abdomen yeux hypertrophiés minuscule tahce clair (et non un double épais trait blanc) au bout de l'abdomen en face ventrale |
ne vole pas brachyptère (élytres réduits) de couluer brun foncé yeux non hypertrophiés antennes plus longues que la moité du corps, dépassant la base du pronotum actif en journée |
Photo à venir
vole élytres longs, noirs et dépassant le bout de l'abdomen yeux hypertrophiés |
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Bioluminescence |
♀ : produit une lumière continue de couleur jaune-vert ♂ : ne brille pas la larve peut produire une faible lumière blanche, parfois intermittente |
♀ : scintillement de couleur vert ("lanterne" classique et petits points lumineux aux extrémités des premiers segments et notamment aux segments 6, 7 et 8 de l'abdomen) larve : uniquement des spots lumineux jaune-vert aux segments abdominaux (dès le 1er) ♂ : ne brille pas |
♀ et ♂ sont tous deux capables de poduire une faible lumière, mais seulement en cas d'urgence (s'ils sont attaqués ou dérangés) la larve brille par un scintillement continu |
♀, ♂ et larve sont capables de produire de la lumière (clignotante) blanche jaunâtre ♀ : brille posée sur sol ou herbes ♂ : brille en vol |
Maintenant, à vous de jouer pour aider à améliorer l’état des connaissances actuelles des Lampyridae de BFC ! En effet, ces coléoptères, utilisant pour la majorité d’entre eux la lumière afin de se reproduire, sont victimes de la pollution lumineuse qui les empêchent de pouvoir se repérer visuellement. Autrefois abondants, les Lampyridae s’observent de moins en moins, en particulier dans les grandes villes et les villages éclairés toute la nuit. D’autres facteurs expliquent la raréfaction des lucioles et vers luisants : l’emploi d’insecticides et d’hélicides (anti-escargots et limaces, qui constituent leurs proies principales), mais aussi le fauchage excessif, surtout durant la période mai-août car les imagos ont besoin d’herbes hautes pour s’y réfugier. Dès la reprise des beaux jours, de mai jusqu’à août (et même septembre), partez donc à la recherche des vers luisants et lucioles à la nuit tombée autour de chez vous, ou dans votre jardin, afin d’améliorer les connaissances scientifiques pour ces espèces.
Comment saisir ?
Une fois votre Lampyridae identifié, vous pouvez l’enregistrer sur la base Faune-BFC. Il vous faudra peut-être modifier vos réglages dans Mon Compte > Personnalisation du site > Langue de saisie > Coléoptères sur le site web (à noter que la langue Automatique est très pratique) ou dans Préférences > Langue de saisie sur l’application NaturaList. Voici les différentes options possibles pour les nommer :
Ver luisant (français) ou Lampyris noctiluca (latin)
Lamprohiza mulsantii (latin uniquement)
Phosphaenus hemipterus (latin uniquement)
Luciola (Luciola) italica (latin uniquement)
L’identification au sein de ce groupe d’espèces pouvant parfois être délicate, nous vous demanderons une preuve photographique (du dessus et du dessous) et de bien compléter le champs « remarques » à cette occasion. Il est aussi possible - dans les cas les plus difficiles d’identification ou lors d’une découverte d’une nouvelle espèce dans un département - de procéder à une collecte de l’animal dans un petit flacon d’alcool étiqueté (avec lieu, date et coordonnées du découvreur) avant transmission à votre association naturaliste la plus proche, pour valider la donnée à 100 %.
Enfin, vous avez la possibilité d’enregistrer votre espèce de façon moins précise. Cette option est à réserver uniquement au cas où vous avez repéré la bioluminescence d’un Lampyridae sans avoir pu l’identifier de façon formelle en main (par exemple, le lanternon d’une femelle observé sur un site non accessible), laissant un doute sur le choix de l’espèce. Indiquez alors : Ver luisant indéterminé (français) ou Lampyridae sp. (Latin).
Pour aller plus loin :
Participez aussi aux enquêtes des observatoires des vers luisants de nos partenaires !
À noter qu’outre l’utilisation de Faune-BFC, il existe un observatoire national des vers luisants et des lucioles, mis sur pied en 2015 avec le CNRS et le Groupe Associatif Estuaire. Il s’agit d’un programme participatif de recensement des Lampyridae en invitant chacun à rendre compte de ses observations (ou non) au sein de son jardin ou sur un site précis. Vous avez aussi la possibilité de participer aux Nuits des vers luisants, qui ont lieu deux fois par an de façon simultanée, sur tout le territoire au cours de l’été. Vous pouvez vous pré-inscrire pour y participer. Plus localement, une enquête annuelle de suivi des populations de Lampyridae est mise en place depuis 2019 sur toute la BFC. Elle est menée conjointement en Bourgogne et en Franche-Comté par la SHNA-OFAB, le CBNFC-ORI et l’OPIE FC. Les bilans de chaque enquête annuelle sont disponibles sur leur site internet (voir liens ci-dessous). Il est également possible d’y contribuer pour permettre d’améliorer la connaissance en région. À noter enfin que dans le cadre d’un partenariat, les données naturalistes transmises sont diffusées entres nos différentes associations. Bref, n’hésitez pas à y participer !
Benaiche, L. (2023) Guide illustré des Lampyridae de France métropolitaine
Constantin, R. (2014) Contribution à l’étude des Lampyridae de France, actualisation de leur distribution et observations en France de Lampyris iberica Geisthardt, Figueira, Day & DeCock, 2008 (Coleoptera, Elateroidea). Le Coléoptériste, 17(1): 34-44
Cotte B. & Tallec Q. (2020) Découverte de Luciola italica (L., 1767) dans le Doubs, nouvelle espèce pour la faune de France (Coleoptera Lampyridae). L’Entomologiste, 76. pp. 179-185
Enquête BFC et bilans 2019, 2020, 2022 et 2023 sur les vers luisants (voir présentations de l’enquête et des bilans co-réalisés par la Société d’histoire naturelle d’Autun - Observatoire de la faune de Bourgogne (SHNA-OFAB), le Conservatoire botanique national de Franche-Comté – Observatoire régional des Invertébrés (CBNFC-ORI) et l’Office pour les insectes et leur environnement Franche-Comté (OPIE FC), en lien avec l’Observatoire des vers luisants (OVL)
Ver luisant (portail impliqué dans la recherche et la connaissance des espèces de Lampyridae de Suisse)
Posts du forum insecte.org, onglet « Coléoptères » et du forum galerie-insecte.org, onglet « Coleoptera »
Rédigé par : Vincent Milaret
Mise à jour : 09/2024